Les panneaux photovoltaïques « plug & play » sont des petits modules d’une puissance inférieure à 1 kW, équipés de micro-onduleurs, qui peuvent être branchés directement à une prise de courant standard. Ces équipements, déjà autorisés dans les pays voisins sous certaines conditions, permettent aux particuliers de produire une petite quantité d’électricité sans avoir recours à une installation fixe nécessitant souvent une pose par un professionnel.
Jusqu’à récemment, ces panneaux étaient interdits en Belgique en raison de la prescription technique C10/11 de Synergrid, qui exigeait que les installations solaires soient reliées au tableau électrique par une connexion fixe. Mais avec la révision récente de cette prescription, leur utilisation sera autorisée à partir du 17 avril 2025.
Cette modification permettra également l’installation de petites batteries mobiles avec prises domestiques, ainsi que l’utilisation de chargeurs bidirectionnels pour véhicules électriques et de générateurs mobiles destinés aux chantiers et événements.
L’efficacité de ces panneaux dépend d’une part du type de panneaux, mais également des conditions individuelles dans lesquelles ils sont installés, notamment de l’orientation, de l’inclinaison et de l’ombrage.
Pour donner des ordres de grandeur, ces panneaux affichent généralement une puissance de 400 watts-crête. Un panneau de 400 W produit 0,4 kWh par heure. S’il fonctionnait 24 h, il produirait 9,6 kWh (0,4 x 24 h) sur une journée. Or, la production photovoltaïque correspond à 937 heures de production en plein soleil sur les 8 760 heures qu’une année comporte. Les panneaux ne fonctionnent en Belgique à plein rendement que 10 % du temps. C’est ce qu’on appelle le facteur de charge du solaire (937 / 8 760 = 0,10).
Avec cette puissance, on peut donc s’attendre à une production annuelle moyenne de 385 kWh. Cette estimation suppose que l’emplacement du panneau a été optimisé pour maximiser la production, avec une inclinaison de 35° et une exposition plein sud. Cela représenterait environ 10 % de la consommation annuelle d’une famille moyenne (3 500 kWh/an). Cette puissance est suffisante pour compenser le « talon » de consommation, mais insuffisante pour l’alimentation totale de la plupart des appareils de petit électroménager (une bouilloire électrique a une puissance d’environ 2 200 W). Un apport du réseau reste nécessaire.
Les panneaux plug & play autorisés aujourd’hui par Synergrid coûtent entre 200 et 700 euros (pour 400 Wc). Le premier panneau couvrirait le fond de la consommation de base d’une maison (frigo, congélateur, veilles, etc.). Ajouter un deuxième panneau plug & play reste avantageux et permettrait de réduire votre facture de près de 20 % par an, avec seulement 10 % de la production réinjectée sur le réseau. En revanche, l’attrait pour un troisième panneau est lui diminué, car la réduction de votre facture ne serait avec lui plus que de 5%.
(Résultats générés par notre outil DimCE — n'hésitez pas à l’utiliser pour adapter les chiffres à votre propre consommation)
En effet, nous savons que la production solaire est rarement en adéquation avec les pics de consommation d’un ménage moyen. Seul un déplacement de charge pourrait vous permettre d’accroître encore votre réduction de facture, par exemple en programmant boiler électrique, votre lave-vaisselle ou votre machine à laver pendant les périodes de production solaire.
Investir dans 2 panneaux plug & play permet un retour sur investissement compris entre 2 et 4 ans, selon le prix d’achat (réduction de 20 % sur une facture annuelle de 1 400 € pour 3 500 kWh/an, soit 280 €). Un seul panneau est, lui, amorti en 1 à 2 ans.
Voici les chiffres si l’on ajoute une batterie plug &
play de 2,24 kWh de capacité et 1,2 kW de puissance (batteries homologuées
Synergrid : Hoymiles MS-A2, 1 000 W nominal, prix d’environ 1 200 €).(Résultats générés par notre outil DimCE — n'hésitez pas à l’utiliser pour adapter les chiffres à votre propre consommation)
Ce n’est qu’à partir du quatrième panneau qu’une batterie permet d’améliorer l’autosuffisance d’environ 10 % par rapport à une installation sans batterie. Avant cela, le surplus disponible était trop faible pour justifier le stockage. Une production suffisante est donc nécessaire pour que l’usage d’une batterie soit pertinent. À l’inverse, au-delà de huit panneaux, on n’observe plus qu’une faible augmentation de l’autosuffisance (+2%).
L’investissement avec une batterie (1 200 €) reste conséquent et le retour sur investissement très long, sans compter les risques de détérioration accidentelle. (Exemple pour 5 panneaux et une batterie : entre 1 000 et 3 500 € pour les panneaux + 1 200 € pour la batterie = entre 2 200 et 4 700 € d’investissement avec une réduction de facture annuelle de 42 %, soit 580 €, ce qui demande entre 4 et 8 ans pour un retour sur investissement).
Le principal intérêt de ces panneaux réside donc dans leur simplicité d’installation. Ces panneaux peuvent être fixés sur un mur ou un balcon, posés directement au sol, orientés correctement, puis branchés à une prise électrique. Cependant, le risque est que, plus accessibles, ils peuvent aussi être plus rapidement endommagés par un jet de pierre, une tondeuse, la chute d’un objet lors d’intempéries (par exemple : branche, ardoises, etc.). Le cordon électrique peut également être plus vite endommagé. Il est donc important de veiller à utiliser une prise étanche ou une rallonge électrique spécialement conçue pour résister aux conditions extérieures.
Le nombre d’appareils raccordés à une même prise est limité par les caractéristiques du circuit électrique. Par exemple, pour une multiprise 3 600 W (16 A), on pourrait aller jusqu’à 9 panneaux de 400 W. Cependant, il est fortement déconseillé de tirer la pleine capacité de la rallonge de manière continue, car cela peut entraîner des risques de surchauffe. Il est donc recommandé de ne pas dépasser environ 80 % de la capacité nominale. Dans ce cas, cela représenterait un maximum de 7 panneaux (7 * 400 W = 2 800 W). Mais nous avons vu qu’il est peu pertinent de placer autant de panneaux. Même si aucune limitation n’est prévue actuellement, assurez-vous auprès de votre distributeur de réseau qu’aucune nouvelle restriction n’a été mise en place avant d’investir.
Dernier élément : ces panneaux sont équipés de micro-onduleurs, leur dimensionnement étant plus compact et exposé aux variations de température en extérieur. Leur durée de vie risque donc d’être plus limitée que celle d’un onduleur classique, souvent placé en intérieur.
En termes de sécurité, les panneaux commercialisés en Belgique doivent être homologués par Synergrid (la liste est disponible ici : la liste C10/26). Et dans sa publication du 17 avril 2025, il est précisé que : « Le branchement de ces appareils à une installation électrique n’est pas soumis à l'obligation de contrôle de conformité avant la mise en service (RGIE, livre 1, chapitre 6.4), ni à une visite de contrôle (RGIE, livre 1, chapitre 6.5) ». L’utilisateur doit veiller, comme pour tout appareil, à la compatibilité avec son installation électrique.
En revanche, comme tout raccordement à un réseau de distribution d’électricité, l’installation d’un panneau plug & play doit faire l’objet d’une simple déclaration auprès de son gestionnaire de réseau, à condition de respecter la limite de < 10 kW. Ces impositions se trouvent à l’art. 35octies, § 8 du décret électricité du 12 avril 2001 : « § 8. Tout client actif disposant d’une installation de production d’électricité ou de stockage d’une puissance inférieure ou égale à dix kVA, déclare celle-ci, avant sa mise en service, directement ou via son installateur, à son gestionnaire de réseau selon les modalités prévues dans le règlement technique. Le client actif notifie également la mise hors service de son installation selon les mêmes modalités. […] »
Voici les liens suivants votre gestionnaire de réseau :
· ORES : https://www.ores.be/particulier/nouvelle-production-denergie
· RESA : https://cms.resa.be/app/uploads/2025/03/formulaire-unique-up-10-kva-version1-07.pdf
Cette obligation est sans doute un moyen, pour les gestionnaires de réseau (GRD), de pallier l'absence d'information concernant les installations encore équipées de compteurs analogiques : ils ne peuvent pas savoir si des panneaux photovoltaïques y sont installés, ni s'il y a réinjection de surplus sur le réseau, sauf en cas de modification du profil de consommation annuel. Cela permettrait de facto à certains de bénéficier silencieusement encore du régime de compensation, alors que celui-ci n’est plus en vigueur depuis 2024. En Flandre par exemple, la déclaration ne sera obligatoire que pour les utilisateurs disposant d’un compteur analogique. Le but étant que le GRD, à la suite de cette déclaration, vienne installer un compteur numérique dans les trois mois, ce dernier mesurant les flux entrants et sortants.
Si vous disposez d’un compteur communicant, ce dernier mesurera précisément vos injections sur le réseau et vos prélèvements, tous les ¼ h. Vos injections seront alors rétribuées, de manière symbolique il est vrai, par votre fournisseur, généralement entre 0,02 et 0,05 €/kWh.
Enfin, l'utilisateur doit, le cas échéant, s'informer préalablement auprès du service d'urbanisme de la commune dans le cas d'un PV pour balcon, de l'association des copropriétaires dans le cas d'un appartement, du propriétaire dans le cas d'une location immobilière, afin de connaître les éventuelles restrictions.
Remarques : ces panneaux ne constituent pas une source de production autonome : ils ne peuvent fonctionner que s’ils sont connectés au réseau. En cas de coupure de celui-ci ou de décrochage, la production s’arrête également, car ils doivent être appareillés au réseau pour fonctionner.
Pour plus d’info :
https://www.uvcw.be/energie/vos-questions/art-9405#kitsolaire
https://www.ejustice.just.fgov.be/eli/decret/2001/04/12/2001027238/justel
https://www.cwape.be/publications/document/6400